La dévotion durant la prière / الخشوع في الصلاة

La dévotion durant la prière

الخشوع في الصلاة

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 (Prêche du Vendredi 15 Mars 2013)

La communauté musulmane constate un grand retour de la jeunesse, et des gens de manière générale, à la pratique religieuse : chose méconnue à cette ampleur il y a peu de temps. On voit les jeunes fréquenter les mosquées, s’efforcer d’accomplir la prière, le pèlerinage, revenir vers le Coran et la tradition du Prophète.

Ainsi, ils se mettent à poser des questions qui n’étaient posées qu’à l’époque du Prophète ou des successeurs.

Nous prions Dieu d’augmenter ce renouveau qui n’annonce que du bien, si Dieu le veut.

Et parmi ces questions posées en ce moment : comment parvenir à la dévotion dans la prière ?

La dévotion durant la prière est un état qui procure au prieur un plaisir et une saveur. Ainsi, il est difficile au prieur d’abandonner la prière une fois cette saveur dégustée. Dieu dit : {Entraidez-vous dans la patience et la prière, et elle est grande (difficile) à accomplir exceptée par les dévoués} (Sourate 2).

 

Définitions linguistiques

Dans la langue arabe, la dévotion (الخشوع) signifie plusieurs choses, parmi lesquelles : l’humilité, le silence, le rabaissement, etc. D’autres savants de la langue arabe ajoutent : regarder vers le sol ou baisser la voix.

Dieu a décrit la terre par l’un de ces sens: {Et parmi Ses merveilles est que tu vois la terre humiliée (basse). Puis, aussitôt que Nous faisons descendre l’eau sur elle, elle se soulève et augmente son volume…} (Sourate 41)

Dieu a aussi décrit, par l’un de ces sens, la faiblesse des montagnes si Dieu y avait fait descendre le Coran: {Si nous avions envoyé le Coran sur une montagne, tu l’aurais vu s’humiliée et se fendre par crainte de Dieu…} (Sourate 59)

Dieu a aussi décrit le silence des humains le Jour de la Résurrection par l’un de ces sens: {…et les voix baisseront devant le Tout-Miséricordieux, tu n’entendras alors qu’un chuchotement} (Sourate 20)

Dieu a aussi décrit les non-croyants et criminels  devant  Lui le Jour du Jugement  par l’un de ces sens. Il dit : {T’est-il parvenu le récit de l’Enveloppante ? Ce jour-là, il y aura des visages humiliés…} (Sourate 88). Dans une autre Sourate, il dit : {Leurs yeux seront abaissés, l’avilissement les couvrira…} (Sourate 70).

 

Définition religieuse

Quant aux savants, ils ont une définition de cette dévotion tant cherchée par les gens. L’imam Ibn Al-Qayyim a dit : « La dévotion est de mettre son cœur entre les Mains de Dieu par l’humilité… ». Et l’imam Al-Junayd a dit : « La dévotion est l’humilité des cœurs devant le Connaisseur de l’Invisible ».

La dévotion est pour la prière ce que l’âme est pour le corps. Et à notre époque, nous sommes beaucoup à chercher cette saveur durant la prière car la dévotion manque.

Dieu a élevé le statut des dévoués dans le Coran, sur terre et l’élèvera aussi dans l’Au-Delà en les installant dans Son Paradis Al-Firdaous. Dieu dit : {Les croyants sont les gagnants, ceux qui sont dévoués dans leurs prières…} (Sourate 23)

De plus, Dieu efface les péchés  de ceux qui se dévouent dans leurs prières, et sur ce point, énormément de Hadith du Prophète ont été rapportés, parmi lesquels le Hadith de Uthman Ibn Affan qui relate que le Messager de Dieu a dit : « Lorsqu’un individu musulman a une prière obligatoire qui se présente à lui : il parfait ses ablutions, sa dévotion et les génuflexions., cela efface ses péchés passés tant qu’il n’a pas accomplit de grand péchés : et ce, durant toute sa vie ».

L’imam Al-Maqdissi a dit : « Saches que la prière est composée de piliers, d’obligations et d’œuvres surérogatoires. La vie de la prière est l’intention, la sincérité, la dévotion et la présence du cœur (concentration) car la prière est rythmée de rappels, de conversations avec Dieu et d’actes… »

La dévotion est un état qui se trouve dans le cœur. Elle a plusieurs points qui la composent et qui aident à y parvenir.

1-      La présence du cœur / حضور القلب : C’est-à-dire la concentration. Se concentrer dans ce que l’on dit, ce que l’on fait durant la prière.

2-     La compréhension / التفهّم : Comprendre ce que l’on dit pour mieux être dévoué, qu’il s’agisse des récitations du Coran ou des invocations ici et là. Surtout de sentir que tu lui parles.

3-     L’anoblissement de Dieu / التعظيم: Sentir Sa grandeur car il est le Vrai Roi, le Roi des rois.

4-     Le prestige / الهيبة: C’est une peur mêlée à de l’amour

5-     L’espoir / الرجاء: Espérer ce qui se trouve chez Dieu comme récompense.

6-     La pudeur / الحياء: De savoir que tu te tiens debout devant Celui qui cache tes péchés.

L’imam Ibn Al-Qayyim a dit : « Les connaisseurs sont unanimes pour dire que la dévotion se trouve dans le cœur et ses fruits se voient dans les membres ». D’ailleurs, l’imam Saïd Ibn Al-Musayyib a vu un musulman prier et caresser sa barbe, voyant cela, il dit : « Si son cœur avait été dévoué, ses membres aussi le seraient »

Le Messager de Dieu demandait protection auprès de Dieu contre l’absence de dévotion. Selon Abû Hurayrah, le Messager de Dieu demandait protection auprès de Dieu contre 4 choses : « Seigneur, je cherche refuge auprès de toi contre un cœur non dévoué, contre une invocation (prière) non exaucée, contre une âme non rassasiée et contre un savoir inutile… ».

Le fruit de la dévotion dans la prière est ce qu’a cité le savant Sahl Tastouri : « Celui dont le cœur est dévoué, Satan ne s’en approche pas »

 

Comment remédier à l’absence de la dévotion dans la prière ?

Pour cela, il faut repousser ces parasites qui sont au nombre de deux : apparents et cachés.

Quant aux parasites apparents : Il se peut que ce soit des choses que l’on entend et qui gêne celui qui prie. C’est comme prier dans une pièce où l’on entend des chants, la TV, des discussions, etc.

Cela peut être aussi quelque chose qui distrait notre regard comme la décoration d’un tapis de prière, d’un mur de mosquée ou autres. La meilleure manière de parvenir à la dévotion est de se débarrasser de ces parasites apparents.

Quant aux parasites cachés : Ils sont plus difficiles car le prieur passe de souci à souci, pensant à ceci et cela. La meilleure manière de parvenir à la dévotion est de se débarrasser de ces parasites cachés avant de commencer la prière. Parfois, les soucis sont inutiles et vains : ai-je fermé la porte de la maison ? De la voiture ? Mon téléphone ? Ai-je les clés avec moi ? A quand les prochains soldes ? Etc.

 

Peut-être ta dernière prière

Ce qui aide aussi à la dévotion dans la prière, que tu accomplisses la prière comme s’il s’agissait de ta dernière prière. Certes, nos vies sont entre les mains de Dieu, et il se peut que tu meures après la prière et que tu ne pries plus après celle-ci.

Un frère m’a même dit qu’il a prié dans une mosquée, à Belfort. L’imam s’est levé pour la troisième rak’a, et en se levant, il rendit l’âme.

Un homme vint voir le Messager de Dieu et lui dit : « Ô Messager de Dieu, donnes-moi un conseil concis ! » Il répondit : « Pries comme si c’était une prière d’adieu, comme si tu Le voyais. Si tu ne Le vois pas, Il te voit… »

 

Signe de la fin des temps

L’absence de la dévotion dans la prière est un signe de la fin des temps. A juste titre, le Messager de Dieu a dit : « La première chose qui sera retirée à cette communauté sera la dévotion, à un point où tu ne trouveras plus de personnes dévouées ».

Le compagnon Hudhayfa a dit : « La première chose que vous perdrez de votre religion sera la dévotion. Et la dernière chose que vous perdrez de votre religion sera la prière. Et il se pourra qu’un prieur n’ait aucune vertu en lui, et il se pourra que tu entres dans une mosquée et que tu vois un groupe de prieurs où personne ne sera dévoué »

 

Solutions

Après avoir lu tout cela, il se peut que tu craignes de ne pas être parmi les dévoués. Je vais donc proposer d’autres solutions qui, je l’espère, nous aideront à parvenir à cet idéal.

La dévotion vient aussi après deux points : fournir beaucoup d’efforts et passer beaucoup de temps, et les exemples qui seront cités ci-dessous illustreront bien ce qui vient d’être dit.

Le compagnon Ibn Massaoud a dit : « Le prieur toque une porte, et celui qui toque sans cesse la porte du Roi, celle-ci lui sera ouverte ».

Et pour montrer que cela peut prendre beaucoup de temps, voici ce que dit le savant Thâbit Al-Bunâni concernant son expérience : « Pendant 20 ans je me suis battu dans ma prière pour être dévoué. Maintenant, cela fait 20 ans que je savoure ma prière ». Dieu dit : {Ceux qui luttent pour notre cause, Nous les guiderons certes sur Nos sentiers…} (Sourate 29).

 

Quelques exemples de pieux

Pour apporter une aide supplémentaire, il est bon de citer les exemples de pieux et de savants, et comme le dit le dicton arabe : « l’imitation des nobles est une noblesse ».

1-     Lors de la bataille de Dhât Riqa’ en l’an 625, le Messager de Dieu a dit : « Qui veille pour nous cette nuit ? ». Deux compagnons se portèrent volontaires : Abbad Ibn Bichr (de Médine) et Ammâr Ibn Yâsser (de La Mecque). Ils se mirent tous les deux d’accord, et Abbad décida de veiller la première moitié de la nuit, Ammar s’allongea donc et dormit. Abbad se mit à prier. L’ennemi l’aperçu et lui lança une flèche. Abbad retira la flèche et continua sa prière. Puis il en reçu une deuxième puis une troisième. Abbad s’inclina et se prosterna (car il devait aussi obéir au Messager de Dieu) puis réveilla Ammâr. Lorsque ce dernier vit le sang couler en abondance, il lui dit : « Pourquoi ne m’as-tu pas réveillé dés la première flèche reçue ?! » Il répondit : « J’étais entrain de réciter une Sourate et je n’ai pas aimé la couper ».

2-     Selon Abû Nouh Al-Ansâri, il y eut un incendie dans une maison où se trouvait Ali Ibn Hassan (petit-fils du compagnon Ali). Alors que celui-ci était prosterné en prière, les gens l’interpellaient : « Ô fils du Prophète, le feu, le feu !! » Mais il ne leva la tête que lorsque le feu fut éteint. Les gens lui dirent : « Qui t’a distrait de ce feu ? » Il répondit : « Ce qui m’y a distrait est le feu de l’Au-delà ».

3-     On a vu Ali Ibn Hassan faire ses ablutions et il se mit à trembler. On lui a dit : « Qu’as-tu ? » Il répondit : « Savez-vous devant qui je serai debout (dans quelques instants) et avec qui je parlerai ?!! »

4-     Selon Yahya Ibn Wathâb, le compagnon Abdellah Ibn Zubayr se prosternait à La Mecque jusqu’à ce que les oiseaux de la Mosquée Sacrée se posent sur son dos, le prenant pour un rocher ou un tronc (car il se prosternait longtemps).

5-     L’imam Al-Bukhari pria un soir et voici qu’un frelon (guêpe) le piqua 17 fois. Lorsqu’il termina sa prière, il dit : « Regardez ! Qui m’a fait ça ? »

6-     Un jour, l’imam Al-Junayd était à La Mecque et les gens lui ont demandé de diriger la prière. Il leur répondit : « Je ne suis pas apte à cela ». Mais ils le contraignirent à prier. Il se mit donc à la place de l’imam et dit : « Alignez-vous et soyez droits, puisse Dieu vous accorder miséricorde ! » (Istawou rahimakoum Allah). Après avoir dit cela, il tomba évanoui. Un autre homme dirigea la prière. Une fois la prière achevée, ils demandèrent à Al-Junayd la raison de cet évanouissement, il leur répondit : « Lorsque je vous ai dit : ‘’Alignez-vous et soyez droits !’’ C’est comme si on m’avait dit : ‘’es-tu droit toi pour l’ordonner aux autres !?’’»

7-     Le savant Issam Al Balkhi a questionné le pieux savant Hâtim Al Assamm sur sa manière de prier, il lui répondit : « Je me lève pour répondre à l’ordre divin, je marche avec humilité, j’entre dans la prière avec l’intention, je fait le takbir avec prestige, je récite le Coran lentement et avec compréhension, je m’incline avec dévotion, je me prosterne avec modestie, je m’assois pour le tachahhud correctement, je fait les salutations selon la Sounna, je laisse cette prière avec sincérité pour Dieu, je m’en retourne avec une crainte que cela n’ai pas été accepté… ». Et Issam Al Balkhi de dire : « Si cela est la prière, je n’ai alors jamais prié de ma vie ».

8-     Lorsque le savant Saïd Tannoukhi priait, les larmes ne se séparaient jamais de ses joues et de sa barbe.

 

Conclusion

Il y a d’autres exemples connus, qu’il s’agisse du Prophète, des compagnons ou des savants et pieux. Mais nous allons nous contenter de ce minimum.

Celui qui veut parvenir à cette dévotion, qu’il lise surtout ce qui a été écrit comme livre sur la description de la prière du Prophète : le fait qu’il faisait bien ses ablutions, il priait à l’heure, il ne portait pas de vêtements distrayants, il priait lentement, il baissait la tête, il regardait l’endroit de la prosternation, il interagissait lorsqu’il récitait un verset qui évoquait le Paradis ou l’Enfer, s’inclinait convenablement sans rapidité, se levait lentement, etc. Aïcha disait de ses prières : « …ne me parlez pas de la beauté de ses prières… ».

 

Je prie Dieu d’avoir été bénéfique pour moi et pour ceux qui liront ces mots, qu’Il m’accorde la sincérité dans mes actes et paroles.

 

Ce qui a été dit ne doit pas vous faire croire que si je parle de ce sujet, c’est parce que je suis dévoué. Non, au contraire. Ce n’est qu’une entraide avec vous afin d’améliorer nos prières.

 

Puisse Dieu nous accorder cette dévotion dans la prière et nous faire goûter sa saveur avant que l’on quitte ce monde et que notre vie s’achève pendant la prière. Ameen

 

Nourddine